Toulouse : Pourquoi le canal du Midi est-il sale ?
Qui entretient le canal du Midi et qui fait quoi ? À l’heure où une seconde station de dépotage, dans le cadre du Pavillon Bleu, doit arriver sur le Port de Saint-Sauveur, cette question sur l’état de propreté de cette voie d’eau revient en leitmotiv.
L’an dernier, le palmarès des pavillons bleus distinguait le port Saint-Sauveur de Toulouse pour la qualité de l’eau et la bonne gestion des déchets. Pourtant, l’eau du canal du Midi est loin d’être toujours verte comme aimait le chanter Nougaro. Elle est souvent parsemée de plastiques et autres objets flottants non identifiés.
Souvent, les promeneurs s’interrogent sur le nettoyage de cette voie d’eau majestueuse de la Ville rose. Une question d’autant plus récurrente à l’annonce de la création d’une seconde station de dépotage dans le cadre de la distinction pavillon bleu pour mieux gérer les eaux noires et grises des bateaux amarrés sur le site. Une question également pertinente après l’incident de décembre 2023 au niveau du pont de la Colombette : une partie du paravent a été détruite par le choc d’une péniche et selon son capitaine, la saleté du canal serait à l’origine de l’obstruction des hélices de sa péniche, l’empêchant de manœuvrer correctement. Le canal serait-il donc mal entretenu ? "Non, répond David Baichère, chef du service territorial de la Haute-Garonne aux Voies Navigables de France (VNF). Dans le cas de l’incident de décembre 2023, nous venions de draguer en septembre-octobre le bief de Bayard pour enlever tous les déchets notamment métalliques au-dessous du pont. Pas moins de quatre tonnes d’ailleurs".
La responsabilité de chacun est engagée y compris celle du passant
Jean-Luc Fortalirand de Toulouse Au fil de l’Ô rappelle de son côté comment le canal du Midi est entretenu. "Le nettoyage du lit du canal et son eau sont sous la responsabilité de VNF. Depuis les années 90, les berges sont du ressort de la Ville, via le bateau Midinet qui nettoie 0,60 cm de surface. Quant aux pilotes, ils doivent surveiller avant chaque sortie les arbres d’hélices de leur péniche et si besoin, les nettoyer de toute entrave".
Un résumé discutable pour certains professionnels : "La profondeur du canal est mal nettoyée, estime Richard Munos, de la péniche l’Occitania. Certes VNF nettoient cette voie d’eau mais en surface. La profondeur est laissée en état et c’est là que les péniches ont des problèmes avec des hélices prises dans des morceaux de plastique, de vieux matelas ou autres barrières métalliques jetés par des individus peu scrupuleux". Sans oublier "l’amas de limon au fond du canal, dont on ne parle pas souvent et qui crée aussi un frein au maniement des péniches, selon Philippe Parot du Samsara. La vidange du bief tous les dix ans n’est pas suffisante : le passage des écluses et son lot de déchets sont un vrai problème pour la navigation".
Une seconde station de dépotage sur Toulouse ?
Le canal du Midi côté Toulouse, entre Sète et Bordeaux, est la partie la plus sale de cette voie d’eau. "Ce qui est d’ailleurs normal pour une ville comme Toulouse, estime David Baichère de VNF. Plus l’agglomération est dense, plus les déchets sont conséquents. Ce qui bien sûr représente aussi des incivilités inacceptables". Un avis appuyé par Pierre Gaudry de la péniche croisiériste Haricot Noir : " Cette situation de saleté est bien sûr liée à la proximité de Toulouse. Ce constat s’améliore dès que vous sortez de l’espace urbain. Rappelons aussi que plus la navigation est stoppée, plus l’eau devient stagnante et sujette aux problèmes. Le passage des bateaux brasse l’eau et l’oxygène. Autre point, depuis quinze ans, les bateaux sont équipés de cuves de vidange mais encore faut-il pouvoir les vider dans des stations de dépotage surtout sur les sites de forte navigation tels le port de Ramonville ou celui de Saint-Sauveur. Je crois d’ailleurs savoir que cet équipement est en cours sur Toulouse dans le cadre distinction du drapeau bleu qui gère l’état des eaux des bateaux amarrés".
Cette station risque d’interroger sur l’utilité de la première : "Il serait judicieux de publier les chiffres d’utilisation annuelle de l’actuelle station pour constater sa saturation, estime Jean-Luc Fortalirand. Tous les bateaux amarrés sur les berges ne sont pas tous raccordés au réseau de la ville, à l’inverse de Griffoul Dorval, Bayard ou Brienne". Pour éviter d’entacher le dossier de renouvellement du Pavillon Bleu, Toulouse Au Fil de l’O demande davantage de transparence :"Les travaux du métro sur l’esplanade sont peut-être l’occasion de communiquer".
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