INFO LA DÉPÊCHE. Guerre des déchets entre Suez et Veolia : une erreur à plus d’1 milliard d’euros à Toulouse ?

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  • L’actuel incinérateur du Mirail (SETMI), à Toulouse, est considéré comme le plus polluant de France.
    L’actuel incinérateur du Mirail (SETMI), à Toulouse, est considéré comme le plus polluant de France. DDM - FREDERIC CHARMEUX
Publié le , mis à jour

l'essentiel La construction du futur incinérateur du Mirail, dont la mise en service est prévue en 2030, va-t-elle être retardée ? Toutes les études pour ce marché public colossal vont-elles repartir de zéro ou l’affaire se terminera-t-elle devant la justice ? Une bourde du syndicat mixte Decoset plonge dans l’embarras les acteurs de ce dossier majeur pour la métropole. Révélations.

"Ceux qui se permettent de parler sur ce dossier dans les dîners en ville sont passibles de poursuites pénales" nous lâche, courroucée, une source chez Decoset. Le syndicat mixte en charge de la gestion des déchets pour plus d’un million d’habitants de Haute-Garonne est en ébullition, il n’a pas répondu par écrit à nos sollicitations. Il faut dire que le dossier est ultrasensible : la construction et la gestion d’une nouvelle usine de traitement des déchets au Mirail et la gestion de son équivalent à Bessières, le tout pour 1,4 milliard d’euros sur 20 ans !

Bourde aux graves conséquences

Selon plusieurs sources concordantes, dans le cadre de l’appel d’offres récemment en cours, une petite main aurait envoyé (par erreur ?) des documents confidentiels à la mauvaise entreprise. Elles sont trois à concourir pour obtenir cette juteuse délégation de service public : Veolia, Suez et Paprec. La procédure d’appel d’offres a donc été "suspendue" nous confirme une source chez Decoset qui a souhaité rester anonyme. Selon nos informations, Paprec aurait reçu les documents de Suez et serait donc informé de tous ses secrets, rendant la mise en concurrence caduque.

Une batterie d’avocats pour éviter la catastrophe

Branle-bas de combat chez les juristes des géants de la gestion des déchets ces dernières semaines. À moins d’un accord amiable, le couac pourrait retarder le projet du futur incinérateur du Mirail. Très embarrassant vu que l’usine actuelle, considérée comme la plus polluante de France, génère de nombreuses inquiétudes chez les riverains.

A lire aussi : Toulouse : l'incinérateur de déchets le plus polluant de France se trouve dans le quartier du Mirail

Doublement gênant quand on sait qu’une fuite de documents confidentiels a déjà eu lieu en Ile-de-France, déjà au détriment de Suez. Le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) a suspendu, le 17 avril dernier, l’appel d’offres visant à attribuer un contrat de plus de 4 milliards. Veolia avait eu accès à des documents confidentiels de son challenger Suez.

À Toulouse, Decoset plaiderait une regrettable erreur ; « Paprec est-il le cheval de Troie de Veolia ? Si ça profitait encore à Véolia, ce serait suspect puisqu’à chaque fuite de documents en France, ça profite à Veolia » se risque un fin connaisseur du dossier.

A lire aussi : Veolia remporte le contrat pour la distribution d'eau en Ile-de-France

Suez floué mais fairplay ?

Suez serait donc une fois de plus le dindon de la farce. De quoi faire naître des soupçons sur la nature de l’erreur toulousaine, "il ne faudrait pas que l’auteur de cet envoi malheureux termine ses jours au soleil" rigole la même source. Seule porte de sortie pour éviter de régler un lourd contentieux devant la justice administrative : que les trois entreprises se mettent d’accord pour un dernier round de négociations. La solution tient-elle la corde ?

Toujours selon nos informations, Suez pourrait accepter de calmer le jeu ne souhaitant pas se mettre à dos les décideurs d’une collectivité comme Toulouse Métropole qui a un besoin impérieux de cette usine. Vincent Terrail-Novès, président de Decoset est le maire de Balma et le vice-président de Toulouse Métropole en charge de la gestion des déchets : "On espère toujours faire aboutir la procédure de délégation de service public en juin, pour le reste j’ai signé comme tous les candidats une clause de confidentialité et je ne peux rien dire de plus" nous confiait-il voilà quelques jours. Même refrain chez Pierre Trautmann le "Monsieur marchés publics" de Toulouse Métropole. Du côté de Suez, Paprec ou Veolia : aucun commentaire, "voyez avec Decoset" nous conseille-t-on.

L’affaire est en tout cas suivie de très près en haut lieu à Toulouse Métropole, qui a récemment vu annulés par la justice son plan local d’urbanisme intercommunal (PLUIH) et son plan de déplacement urbain (PDU)… Un contentieux d’un milliard et demi d’euros pour le futur incinérateur ferait tache…

C’est quoi un appel d’offres ?

La procédure d’appel d’offres est très normée. Chaque entreprise doit répondre en respectant un système de double enveloppe, afin de remettre sa candidature et son offre. Les conditions d’ouverture des plis sont très rigoureuses. Selon nos informations, une erreur d’adressage a mis dans l’embarras Decoset, et une incertitude juridique plane désormais. Par ce contrat de concession Decoset veut confier l’exploitation et l’entretien "des unités de valorisation énergétique de Bessières et de Toulouse-Mirail." Le projet implique de poursuivre le "service public du traitement et de valorisation des déchets, en y apportant des améliorations, notamment au plan de l’efficacité énergétique". Le projet comprend la reconstruction complète de l’usine de Toulouse-Mirail, avec une capacité d’accueil limitée à 240 000 tonnes/an, en zone urbaine avec un objectif de mise en service en 2030. Le délégataire assumera la conception, le financement et la réalisation de cette reconstruction.

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Les commentaires (16)
LIRON Il y a 8 jours Le 11/05/2024 à 12:40

C'est du pipo et ce n'est pas nouveau ! Ces braves gens se remplissent les poches avec les pots de vins au dépend du contribuable! Chez ces gens là on ne se mélange on reste entre escrocs.
Les appels d'offres constituent depuis toujours une vaste fumisterie et ce n'est pas terminé.

Bakou31 Il y a 10 jours Le 09/05/2024 à 08:15

Les usines polluantes installées comme par hasard chez les pauvres, au Mirail mais en aucun cas chez les plus riches, comme a Balma ou Côte Pavée !!??

bernardbalma Il y a 10 jours Le 09/05/2024 à 16:23

Quand vous ne savez pas, posez des questions! Justement les habitants du Mirail payent très bas l'eau chaude sanitaire et le chauffage puisque c'est la chaleur issue de l'incinération des dechets qui est utilisée. Tout le contraire, donc, de ce que vous affirmez...

le.fantome Il y a 10 jours Le 09/05/2024 à 06:55

C'est hélas classique lors de ce genre d'appels d'offres.
Pour ceux qui auraient des doutes, il suffit de regarder le classement de la France (et son évolution depuis dix ans) dans l'indice publié par Transparency International.