EDITORIAL. L’Ukraine peut-elle encore tenir ? La course contre la montre
Ce devait être une « Blitzkrieg » à la fin de l’hiver 2022. Mais la guerre éclair de Vladimir Poutine s’est enlisée dans le tchernoziom ukrainien et les deux camps ont fini par se résigner à mener une guerre de positions où les offensives succèdent aux contre-offensives. Avec la guerre qui s’éternise, les belligérants font le pari de l’épuisement de l’adversaire. Le premier qui renoncera aura perdu. Celui qui n’aura plus de munitions, ou d’hommes pour s’en servir, sera déclaré perdant. Or l’armée ukrainienne a de plus en plus de mal à contenir les assauts de l’ennemi russe.
Aussi assistons-nous à un tournant du conflit avec la décision du Congrès américain, survenue la semaine dernière, de voter un budget de 61 milliards de dollars d’assistance à Kiev. Cette somme colossale, comparable à un « Plan Marshall » pour l’Ukraine, comprend un premier volet militaire de sept milliards de dollars, dont un milliard de dollars de matériel directement puisé dans les stocks de l’armée américaine et donc, rapidement disponible. Une bouffée d’oxygène inespérée pour Volodymyr Zelensky qui réclame depuis des mois à ses alliés occidentaux des armes en quantité. Pour l’heure, les troupes ukrainiennes sont confrontées à une pénurie de recrues et de munitions. L’aide américaine va leur permettre de retrouver un second souffle sur un front long de mille kilomètres, même si les experts estiment que la contre-offensive, mise en échec l’été dernier, prendra du temps.
L’aide américaine sera-t-elle de nature à inverser le cours de la guerre ? Il le faudra et vite, tandis que l’ombre de Donald Trump se rapproche dangereusement de la Maison Blanche. C’est une course contre la montre qui a commencé. Car les Européens ne se font guère d’illusions : si l’ancien président venait à remporter l’élection contre Joe Biden à la fin de l’année, les choix stratégiques des Etats-Unis seraient complètement remis en question. On assisterait alors à un nouvel Axe populiste Russie-Etats-Unis, qui oblige les dirigeants des 27 à constituer une « Europe de la défense ».
Dans cette perspective, les dirigeants européens accentuent la pression sur Moscou. Ce qui explique en partie les nouvelles déclarations d’Emmanuel Macron, réaffirmant que l’envoi de troupes n’était pas exclu. Pour l’Ukraine, les propos du président français valent l’envoi d’un arsenal. Diplomatiquement du moins car ils valident le soutien de l’Europe, ce qui n’était pas gagné il y a encore quelques mois. D’ailleurs, sur le plan intérieur, Emmanuel Macron ne doit pas être mécontent de se démarquer des extrêmes et de renvoyer dos à dos LFI et le RN, très timorés lorsqu’il s’agit de dire non au Kremlin.
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