EDITORIAL. Réseaux sociaux et ados : une porte ouverte sur la pornographie, le mensonge, la haine et la folie
Aurions-nous l’idée de donner comme lecture à un gamin de 11 ans, Justine ou les malheurs de la vertu du marquis de Sade ? L’enverrions-nous dans un meeting de néonazis ? Lui expliquerions-nous que la Terre est plate ou que les extraterrestres font des expériences médicales sur nous ? Pas vraiment. Et pourtant, en lui offrant un smartphone pour son entrée en sixième, c’est une porte ouverte sur la pornographie, le mensonge, la haine et la folie qui nous lui confions, et qui plus est, avec les meilleures intentions du monde.
Est-ce que la plupart des parents en ont conscience ? Certains oui, qui prennent un minimum de précautions – encore faut-il qu’ils soient plus doués que leurs gamins pour activer le contrôle parental. D’autres ne s’en doutent pas ou bien sont dans le déni : "Mon enfant n’ira jamais chercher de choses pareilles !" Ben voyons…
Psychologues, éducateurs, profs… Tout le monde est désormais convaincu des dégâts que peuvent occasionner les écrans sur nos gamins. Les boomers se lamenteront devant des petits-enfants qui n’ont jamais joué à la balle au camp, jamais construit une cabane dans les bois et qui tordent le nez pour une partie de petits chevaux. Les enseignants s’arrachent les cheveux devant le massacre de la grammaire à longueur de "chats". Les cuisiniers se désespèrent de voir des influenceuses farfelues prescrire leur malbouffe à des bouches décidément trop béantes. Sans parler du pire de l’internet : des appels à la haine, des harcèlements en meute, des vendettas de bas d’immeuble, des images insoutenables.
Pourra-t-on interdire tout ça ? Bannir totalement les écrans ? Disons que plus les enfants seront jeunes, plus ce sera facile. Même si cela doit obliger les parents à lire plus souvent des histoires ou à shooter dans un ballon plutôt que de confier leurs bambins à Dora l’Exploratrice.
Pour les ados, ce n’est pas encore dans la poche. L’effet de groupe va jouer pour s’accrocher à ce qui relie le clan, ce petit clavier à images devenu objet transitionnel. Il risque d’y avoir des conflits : pas facile à gérer pour des parents déjà fatigués ou stressés. Il faudra de la persuasion pour démontrer de quel côté est la vraie liberté. Et leur toucher, le moment venu, deux mots de cette vaste étude américaine, qui démontre que les enfants qui lisent pour le plaisir depuis le plus jeune âge ont de meilleures performances cognitives et également moins de problèmes de santé mentale.
En caricaturant, on pourrait dire que les réseaux sociaux rendent parano, et que le bonheur est dans la lecture ! Alors, vite, entre deux biberons, lisons Petit Ours Brun et Cornebidouille. Plus tard, proposons Jules Verne et Jack London. Histoire de faire naître ce goût des histoires et des mots, qui leur fera aimer Camus, Hugo, Homère ou Boris Vian.
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