Discours de Macron à la Sorbonne : "J’ai le sentiment d’avoir eu affaire à l’arnaqueur de Tinder"… les oppositions tirent à boulets rouges
Ce jeudi, le Président de la République a exposé sa vision de l’Europe dans le grand amphi de la célèbre université. Il espère ainsi remobiliser les électeurs.
"Il y a une grosse exigence de mobilisation venant de l’Élysée. On nous a demandé de faire des télés et des radios pour vendre le discours du Président", souriait mercredi 24 avril dernier, un peu nerveuse, une députée macroniste. L’intervention du chef de l’État ce jeudi 24 avril à la Sorbonne était attendue avec impatience par la majorité pour rebooster la campagne de la tête de liste Valérie Hayer, toujours en baisse dans les sondages avec 17 % d’intentions de vote, loin derrière l’épouvantail Jordan Bardella (RN).
Devant 500 personnes – les ambassadeurs des 26 autres États-membres de l’UE, la délégation de la Commission européenne en France, de nombreux ministres, mais aussi des chefs d’entreprise, des étudiants et des chercheurs – Emmanuel Macron est donc entré sur le ring et a immédiatement mis en garde : "Notre Europe est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend de nos choix" qui sont "à faire maintenant". Et d’ajouter : "L’Europe est une conversation qui ne se termine pas. C’est un projet qui n’a pas de borne. L’heure est venue pour l’Europe de se demander ce qu’elle compte devenir".
"On a retrouvé le Macron qu’on aime !"
Le chef de l’Etat a également décrit un Vieux continent "dans une situation d’encerclement" face aux grandes puissances régionales. Et jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" européenne étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées". "Nous sommes encore trop lents, pas assez ambitieux", a-t-il également affirmé, plaidant pour une "Europe puissante" qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".
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De quoi ravir le cœur des macronistes : "Des amis m’ont envoyé des SMS pour me dire : on a retrouvé le Macron qu’on aime !", s’enthousiasmait en début d’après-midi une ministre. "Sur la forme il a montré que quand il faut mouiller la chemise pour défendre l’Europe, il le fait et il assume de ne pas être dans la radicalité", ajoute-t-elle. À l’étranger, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d’ondes européennes que le président français, a salué les "bonnes impulsions" pour que "l’Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".
"Il essaie de vous séduire avec ses beaux yeux"
Le même enthousiasme n’a pas traversé les oppositions hexagonales. Emmanuel Macron a mis "sept ans à détruire nos industries et services publics et organiser l’impuissance" et "deux heures pour se plaindre des effets", a raillé la tête de liste de La France Insoumise, Manon Aubry, sur le réseau social X. "J’ai le sentiment d’avoir eu affaire à l’arnaqueur de Tinder. Il essaie de vous séduire avec ses beaux yeux, mais après il disparaît", a-t-elle ajouté.
A la #Sorbonne, Macron a fait le bilan de l'Europe impuissance qu'il a lui même créée en :
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) April 25, 2024
- fermant des usines
- délocalisant les productions de médicaments
- multipliant les traités de libre-échange
- détruisant nos services publics
Le 9 juin, on dit stop à ce menteur ! pic.twitter.com/fMeDqhGoUA
"Pour la candidate écologiste Marie Toussaint, "le dérèglement climatique (a été le) grand absent d’un discours lunaire qui emmène l’Europe droit dans le mur".
Un "satisfecit technique habituel"
Alors qu’Emmanuel Macron a plaidé pour que l’UE "retrouve la maîtrise" de ses "frontières", la tête de liste du parti Reconquête, Marion Maréchal a dénoncé sa volonté de créer un "État fédéral européen" en favorisant "l’endettement européen" ainsi que "des taxes européennes" et l’élargissement vers "l’Ukraine, la Moldavie et les Balkans". La candidate zemmouriste regrette également la volonté du locataire de l’Elysée de construire "une armée européenne et une diplomatie européenne" au détriment de la souveraineté nationale.
Le discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron est un discours de campagne, qui intervient après 7 années de déceptions où il a été un facteur de blocage sur toutes les avancées sociales et laissé délocaliser notre industrie.
— Olivier Faure (@faureolivier) April 25, 2024
Entre le discours et la réalité, paroles, paroles. pic.twitter.com/yRz1oj0Mty
De son côté, Jordan Bardella s’est moqué, lors d’une conférence de presse, "du long discours de présentation du programme de Valérie Hayer par son porte-parole Emmanuel Macron"… Et de dénoncer la décision du Président de prendre directement part à une campagne électorale. Selon la tête de liste RN, en s’engagent ainsi Emmanuel Macron assume d’être responsable du score de sa candidate le 9 juin, évoquant carrément la dissolution de l’Assemblée nationale. Du côté des Républicains, Eric Ciotti a dénigré le "satisfecit technique habituel" d’un président français qui a fait "la leçon à la Terre entière". Le parti de droite demande en outre que la durée de ce discours de près de deux heures soit décomptée du temps de parole de la majorité.
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