RECAP. Émeutes en Nouvelle-Calédonie : l’Etat passe à l’offensive, 76 barrages détruits, 200 interpellations… le point sur la situation

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Martin Planques avec AFP

l'essentiel La révolte des indépendantistes, provoquée par une réforme du corps électoral de l’archipel du Pacifique sud, a enclenché un cycle de violences marquées par des jours et des nuits d’incendies et d’affrontements.

L’État est passé à l’offensive dimanche 19 mai en Nouvelle-Calédonie pour y rétablir "l’ordre républicain", "quoi qu’il en coûte", en commençant par une opération d’envergure sur la route entre Nouméa et son aéroport, après six morts en six jours d’émeutes et malgré des appels politiques à temporiser.

L’exécutif veut reprendre la main

"Je veux dire aux émeutiers, stop, retour au calme, rendez vos armes", a lancé dimanche devant la presse le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc. "L’ordre républicain sera rétabli, quoi qu’il en coûte", a martelé le représentant de l’Etat. "Les consignes de fermeté sont passées", a abondé le ministre de l’Intérieur et des Outremer Gérald Darmanin, dans un message sur X.

Nouvelle-Calédonie : l’opération de dégagement de la grande route lancée hier a été un succès : 76 barrages détruits. Grâce aux 700 forces de l’ordre supplémentaires arrivées et aux 350 qui arriveront aujourd’hui, dont de nombreux militaires du GIGN et policiers du RAID, les…

— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 19, 2024

Pour reprendre le contrôle d’une situation insurrectionnelle, l’exécutif a donné la priorité au dégagement de la route entre Nouméa et l’aéroport international de La Tontouta, situé à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de la "capitale" calédonienne et fermé aux vols commerciaux. Sur cet axe stratégique pour permettre le réapprovisionnement du sud de la grande île soumis à des pénuries, l’Etat a lancé dimanche matin (samedi soir à Paris) une vaste opération avec 600 gendarmes, dont une centaine de membres du GIGN, unité d’élite.

76 barrages détruits

Un convoi constitué de blindés de la gendarmerie et d’engins de chantier a parcouru cet axe pour y supprimer tous les obstacles. "L’opération de dégagement de la grande route […] a été un succès : 76 barrages détruits", s’est félicité Gérald Darmanin dans son tweet. Mais la voie est encore encombrée à de nombreux endroits de carcasses de voitures brûlées, ferraille et bois entassés. Les gendarmes "sont passés, ils ont déblayé, et nous, on est restés sur le côté. On est pacifistes, nous", a confié à l’AFP Jean-Charles, la cinquantaine, tête enturbannée d’un foulard et drapeau kanak à la main à La Tamoa, à quelques kilomètres de l’aéroport.

Un bilan de 6 morts

Les violences ont fait six morts, le dernier en date samedi après-midi, un Caldoche (Calédonien d’origine européenne) à Kaala-Gomen, dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois Kanak (autochtones), dans l’agglomération de Nouméa. La reconquête des voies et quartiers bloqués devrait constituer un travail de longue haleine, alors que les dégradations continuent et que les forces de l’ordre estiment toujours le nombre d’émeutiers entre 3000 et 5000.

A lire aussi : Émeutes en Nouvelle-Calédonie : "caldoche", "zoreill", "kanak…" Les mots qu’il faut connaître pour comprendre la crise qui secoue l’île

"Des écoles ont encore été détruites", de même que "des pharmacies, des centres vitaux d’approvisionnement alimentaire, des surfaces commerciales", a listé dimanche Louis Le Franc, ajoutant : "On commence à manquer de nourriture".

Nouvelles "opérations de harcèlement" prévues cette nuit

Le haut-commissaire a annoncé de nouvelles "opérations de harcèlement" par les unités d’élite de la police et de la gendarmerie "dès cette nuit (de dimanche à lundi, NDLR), là où il y a des points durs", dans les villes de Nouméa, Dumbéa et Païta notamment. "Grâce aux 700 forces de l’ordre supplémentaires arrivées et aux 350" qui devaient les rejoindre dimanche, "dont de nombreux militaires du GIGN et policiers du RAID, les opérations vont se multiplier dans les prochaines heures", a confirmé Gérald Darmanin dans son tweet, relevant déjà "200 interpellations et la réouverture de 20 commerces alimentaires".

A lire aussi : Nouvelle-Calédonie : "On est les touristes les plus malchanceux du monde"… de nombreux vacanciers bloqués à Nouméa

Louis Le Franc a appelé les habitants qui ont constitué des "groupes de protection" pour défendre leurs quartiers face aux émeutiers "à garder espoir" et "à ne pas commettre l’irréparable", qui provoquerait "un embrasement général". Pour la population, se déplacer, acheter des produits de première nécessité et se soigner devient plus difficile chaque jour. Les nombreux obstacles à la circulation compliquent la logistique pour approvisionner les magasins, surtout dans les quartiers les plus défavorisés.

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Les commentaires (9)
la sorciere Il y a 13 jours Le 20/05/2024 à 14:56

macron comme James Cook pourrait bien se faire bouffer s'il continue à tirer sur l'élastique des kanaks; ce gars n'a rien à faire donc il emm... les opprimés mais attention les gilets jaunes n'ont pas rien à voir avec les papous

la sorciere Il y a 13 jours Le 20/05/2024 à 14:50

si le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a salué le "succès" de l'opération, sur place, le son de cloche est un peu différent.
Car si le convoi est bien passé, démantelant les barrages et déblayant la route, beaucoup reste à faire. les opérations de nettoyage et de réparations de la voirie devraient durer plusieurs jours,

prigojine Il y a 13 jours Le 20/05/2024 à 14:42

la situation n'est pas la même sur place! la propagande macronniste continue alors que si le caudillo n'avait touché à rien....rien ne serait arrivé!