Une réforme du professorat des écoles qui inquiète et qui mobilise

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  • Hier, étudiants et formateurs réunis devant la Faculté d’Éducation.
    Hier, étudiants et formateurs réunis devant la Faculté d’Éducation. C. B.
Publié le
Antoine Carrié

l'essentiel 70 personnels et étudiants de l’antenne carcassonnaise de la Faculté d’Éducation étaient mobilisés hier face à la réforme de la formation qui se profile.

Quelle réforme ?

Début avril 2024, Emmanuel Macron évoquait son projet de fonder les "écoles normales du XXIe siècle". Avec un point essentiel : l’avancement, à partir de 2025, du concours pour recruter les professeurs des 1er et 2nd degrés à bac + 3, et non plus, comme depuis 2022, à bac + 5. Réforme qui passera par la création de licences mention préparation au professorat des écoles, présentées par le chef de l’État comme "des prépas intégrées", avec des enseignements en "français, maths, histoire, géographie…", une dimension "didactique et pédagogique", ainsi que des "stages de terrain". Pour accéder au précieux statut de titulaire dans le 1er degré, les étudiants devraient ensuite valider un Master en alternance sous le statut d’élèves fonctionnaires, puis de fonctionnaires stagiaires, rémunérés 1 400 € en 1re année, puis 1 800 € en M2.

Quels reproches ?

Après la fuite d’un document de travail sur la réforme fin mars, puis les mots du Président de la République, c’est peu dire que les personnels des Facultés d’Éducation ont peu goûté la forme et le fond. Hier, l’antenne carcassonnaise, comme les quatre autres sites rattachés à l’Université de Montpellier (Mende, Montpellier, Nîmes et Perpignan), étaient mobilisés pour une AG partagée en visio. Comme leurs homologues, les 70 participants carcassonnais ont voté la motion destinée aux élus et au conseil d’administration de la faculté. Avec un titre sans fard : "Réforme de la formation des enseignants : le grand mépris".

C’est ensuite devant le site carcassonnais, qui accueille 300 étudiants, qu’enseignants formateurs et étudiants ont tracté et manifesté leurs critiques. Sur la forme, d’abord : "C’est une réforme qu’on nous impose, mais c’est d’abord une coquille vide. Hormis le timing d’un éventuel concours au printemps 2025, on ne sait rien, pointe Audrey Soulié, enseignante formatrice professeur de lettres. Nous n’avons pas été informés, pas consultés. On ne sait rien des lieux où seront proposées ces futures licences." Sur le fond, aussi, pour un site où la licence ‘‘Pluridisciplinarité et métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation’’ a vu le jour en 2018-2019, précédant les Masters ‘‘Métiers de l’éducation et de la formation’’ : "Ce modèle fonctionne très bien, souligne Noémie Favier, formatrice professeur de sciences. Dire que le système ne fonctionne pas pour tout casser, ce n’est pas très constructif. Il y avait déjà eu une réforme en 2021 pour le Master…"

Quelles craintes ?

Tous les deux chargés de mission de formation, Sarah Zannettacci et Ben Aida posent un préalable : "On est plutôt favorable à l’avancement du concours en 3e année de licence." Mais, car il y a un mais, "si c’est fait correctement, avec une vraie concertation des personnels. Il ne faudrait pas que les élèves en Master aient un statut qui ne les protège pas assez, et ne soient en définitive que de la main-d’œuvre pour combler les absences". En creux, une question : "Quels étudiants et quels enseignants on veut former ? On veut qu’ils arrivent armés et soient à l’aise devant leurs classes. Chercher une réponse à court terme pour faire face au manque d’enseignants, ce n’est pas la solution." D’autant que, soulignent les formateurs, cette réforme est escortée d’une crainte sur le contenu de la future licence : "On craint que ça s’inscrive dans un projet global de retour en arrière et que derrière le terme d’école normale supérieure, il y ait l’hypothèse de la fin du lien avec une formation universitaire." De quoi craindre pour l’avenir du site carcassonnais : "Il pourrait y avoir la tentation de tout regrouper sur un site." Un bien mauvais signal, estime la responsable du site, Martine Loubet, qui rappelle que cette implantation est un atout : "Nous sommes la formation qui rassemble le plus d’étudiants à Carcassonne. Et cette proximité est une facilité pour ceux qui n’ont pas les moyens d’étudier dans de grandes villes : 50 % de nos étudiants sont audois."

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