ÉDITORIAL. Marché de l’immobilier : portes fermées

  • Une maison à vendre à Auch dans le Gers.
    Une maison à vendre à Auch dans le Gers. Photo DDM, Sébastien Lapeyrère
Publié le , mis à jour
Dominique Delpiroux

En ce joli mois de mai, quelques statistiques en forme d’hirondelle ne feront pas le printemps du logement. En l’occurrence, nous sommes toujours en hiver, et pour bien longtemps. Les chiffres plutôt encourageants, que présente le réseau Laforêt sur l’évolution du marché de l’immobilier laissent entrevoir un certain desserrement du marché, une timide poussée, un fragile regain… Il faudra autre chose pour que dans ce pays tous ceux qui y ont droit aient un logement décent. Les taux ont baissé ? Oh, ce n’est pas l’austère Banque Eentrale Européenne, qui aurait eu un quart d’heure de bonté ! Non, c’est parce qu’on a tellement serré la vis pour accorder des crédits, que ce secteur est devenu atone. La ristourne sur les taux d’intérêt, minuscule, est le fait d’une concurrence entre les banques pour tenter de récupérer ceux qui seraient « juste-juste ». Quant à la baisse des prix, elle est loin d’être spectaculaire. Tout au plus un réajustement, qui entre-temps, a été avalé par l’inflation. Pour le reste, morne plaine. Le bâtiment est en berne. La promotion immobilière est sinistrée. La faute bien sûr à la hausse de matières premières, liée à la guerre en Ukraine. Mais aussi parce que l’Etat, au lieu de prolonger ses aides, les a stoppées. La courbe des constructions neuves est aussi orientée à la baisse que les moustaches du ministre du Logement Guillaume Kasbarian sont orientées à la hausse.

Dominique Delpiroux est éditorialiste à La Dépêche du Midi.
Dominique Delpiroux est éditorialiste à La Dépêche du Midi. Photo DDM

Au bout du compte, où va-t-on caser nos concitoyens ? On attendait beaucoup du nouveau plan gouvernemental pour faciliter l’accès au logement des plus défavorisés. Là, encore, on a eu l’impression d’ouvrir un catalogue de fausses bonnes idées. Et d’abord, ce projet de pousser hors de chez eux les locataires du parc HLM dont les revenus seraient au-dessus des plafonds de ressources. Que l’on impose des surloyers, cela semble juste et logique. Mais que l’on envisage de chasser ces locataires pour en mettre d’autres, c’est prendre alors le risque de fracturer le peu de mixité sociale restant dans ces immeubles. Et de vouloir loger des pauvres avec des plus pauvres. Que dire aussi de ce projet qui « responsabiliserait » davantage les maires dans les attributions de HLM ? Et qui, selon les associations, pourrait tout aussi bien leur servir à loger copains et cousins… et éviter les autres, voire les « estrangers du dehors ».

Enfin, on veut assouplir la loi SRU qui oblige depuis longtemps les communes à proposer un quota de logement social. Beaucoup l’ont respectée, d’autres pas. Désormais, celles qui ont contourné la règle pourront rester dans les clous en offrant des « logements intermédiaires. » La prime à ceux qui n’ont pas joué le jeu ?

Alors, tant mieux pour ceux qui, après des mois d’attente, peuvent enfin réaliser leur rêve immobilier. Mais pour d’autres, bien des portes restent fermées. A double tour.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (2)
jvouldi Il y a 9 jours Le 09/05/2024 à 22:30

N'aurait-on pas une fâcheuse tendance, lorsqu'il s'agit de chômage à s'en prendre aux chômeurs et lorsqu'il s'agit de logement à s'en prendre aux locataires ?
Toujours est-il que le nombre de logements sociaux financés est en décrue quasi-constante depuis 2016, passant de 120.000 à 80.000 en 2023.

Fafnir Il y a 11 jours Le 07/05/2024 à 17:37

Ne faudrait il pas parler du point de vue stratégique comme la diagonale du vide par rapport au problème des côtes où par exemple le pays basque menace une révolte entre les indigènes et un tourisme mal maitrisé?