Réhabilitation de la friche Poult à Montauban : la mairie retire le marché au promoteur
Coquille vide dans le quartier de Villebourbon, à Montauban (Tarn-et-Garonne), la friche de l’ancienne biscuiterie Poult devait faire l’objet d’un vaste programme de réhabilitation censé démarrer mi-2023. Mais la mairie de la cité d’Ingres vient de retirer le marché au promoteur toulousain Mésolia.
C’est l’un des projets phares de la municipalité de Montauban, en Tarn-et-Garonne, sur le terrain de la rénovation urbaine. Et il sera encore retardé de plusieurs années. Depuis plus de dix ans, la mairie souhaite redonner une seconde vie à l’îlot qui abrite l’ancienne biscuiterie Poult, dans le quartier Villebourbon, entre l’avenue de Mayenne, la place Lalaque puis les rues Jean-Jaurès et Ferdinand-Buisson.
Hormis la façade Art déco de l’ancienne usine et une maison, tout doit disparaître au profit de logements pour les seniors et les étudiants, notamment. Deux autres bâtiments, censés être construits puis vendus à un privé, ainsi qu’une crèche, avec dix places dédiées aux enfants en situation de handicap, apparaissent aussi sur la feuille de route.
Après une première prise de contact en 2018, c’est le bailleur social Mésolia, basé à Toulouse, qui obtient la cession des parcelles, comme on le lit dans des délibérations municipales en date du 24 février 2020 et du 22 mars 2023. Cette fois, on y est : le chantier est imminent.
De sorte que Brigitte Barèges accepte d’expliciter le projet lors d’une interview publiée dans nos colonnes le 8 juin 2022. Les premiers visuels du projet sont divulgués et Madame le maire assure que les premiers travaux démarreront au début du deuxième semestre 2023. "J’espère voir les premiers locataires s’installer fin 2023", explique-t-elle à La Dépêche du Midi.
Un nouvel appel d’offres
Entre-temps, il faut faire le vide dans l’optique de la déconstruction. Les voisins de la salle de spectacles du Rio sont ainsi priés de quitter les lieux et investissent, depuis fin mai 2023, la salle d’Eurythmie.
Pour autant, rien, absolument rien n’a bougé depuis. C’est incidemment que l’on a donc posé la question à la municipalité : "Où en est-on ?" Dans un premier temps, fin de non-recevoir. "Le cabinet ne souhaite pas communiquer."
Mais à l’occasion d’un échange sur un autre sujet, Brigitte Barèges a simplement concédé que le projet, tel qui l’avait été imaginé en collaboration avec Mésolia, était retoqué. "Nous avons annulé le marché car le groupement n’a pas respecté ses objectifs et le calendrier. On cherche désormais un nouveau promoteur par le biais d’un appel d’offres. Nous allons essayer d’accélérer le processus sur ce dossier car on perd beaucoup trop de temps", lâche Madame le maire.
Pollution et amiante
Forcément, on a sollicité Mésolia. Et forcément, le son de cloche est différent. Après un dense rappel de tout l’historique qui le concerne dans l’aboutissement de ce projet, l’opérateur toulousain explique avoir décelé "une pollution des sols aux hydrocarbures" dont il n’avait pas été informé.
En sus, en raison d’une "forte présence d’amiante, le projet de démolition a dû être retardé pour réaliser des investigations réglementaires complémentaires". Alors qu’à la base, "Mésolia était tout à fait dans les temps" pour une démolition prévue en septembre 2023 et une livraison deux ans plus tard.
"Dès le début du mois d’octobre 2023 et à de très nombreuses reprises, Mésolia a informé la mairie [de la pollution aux hydrocarbures et de la forte présence d’amiante] sans qu’aucun retour ne lui soit fait. Les opérations, telles que les audits préalables et diagnostiques obligatoires avant l’engagement des travaux de démolition, ont continué et le projet se déroulait comme prévu, jusqu’à ce qu’un courrier laconique, reçu le 11 mars 2024, indique à Mésolia que ce projet leur était ‘retiré’", détaille la direction.
La friche Poult "en l’état pour de nombreuses années"
Bien sûr, c’est la douche froide. Connu dans tout le Sud-Ouest, Mésolia explique avoir investi son temps et donc "de nombreux frais" pour mener à bien cette réhabilitation d’un important pan du quartier Villebourbon.
"Le bailleur a tenté, en vain, de renouer le contact avec la mairie qui a rompu unilatéralement la période de préparation au lancement des travaux. Cela a pour conséquence, bien entendu, de laisser la friche Poult en l’état pendant encore de nombreuses années. Et surtout, d’empêcher la construction de 106 logements : 20 logements en accession, 33 logements locatifs sociaux destinés aux familles, 23 logements réservés aux séniors de la commune et 30 studios pour des étudiants, sans oublier la réalisation de surfaces commerciales", poursuit Mésolia.
En pleine crise du logement, il y a de quoi tousser.
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