Drogue à Toulouse : derrière le règlement de comptes, la bataille pour maîtriser les points de deal d’Auriacombe
La tension montait depuis plusieurs semaines autour du point de deal d’Auriacombe, à La Reynerie quartier sensible de Toulouse. La grosse descente de police début avril a accéléré les rivalités et provoqué, sans guère de doute, l’assassinat samedi matin d’un homme ambitieux.
La voiture, dont la carrosserie est criblée d’impacts de balles, démontre la violence de l’attaque. Samedi matin sur le parking de la discothèque "L’Étoile", à Toulouse avenue d’Atlanta, les tueurs n’ont laissé aucune chance à Ouicem B., abattu de plusieurs balles.
Depuis sa sortie de détention "en conditionnelle" au mois de février et malgré son interdiction de séjourner à Toulouse, le nom de cet enfant de La Reynerie tombé tôt dans les filets de la délinquance revenait souvent dans les conversations "d’initiés". Cet homme de 32 ans ne cachait ni son ambition, ni sa volonté de mettre la main sur les points de deal d’Auriacombe.
Descente de police et ambitions
La descente de la police début avril après de longs mois d’écoute et de surveillance n’a pas calmé sa volonté d’appropriation. Les placements en détention de deux frères supposés être "les patrons" et des membres principaux de cette organisation laissaient même la place libre. Certains ont décidé d’employer des moyens violents et définitifs pour stopper cette tentative de conquête.
"Un contrat à son nom circulait depuis quelques semaines", indique un observateur avisé. Sur Snapchat, nouveau moyen de vente et de recrutement chez les dealers, sa photo s’affichait avec une récompense de 100 000 €. Coup de bluff ? Pas vraiment. Déjà, un des principaux suspects du dossier d’enquête sur la "mafia" d’Auriacombe avait pris ses quartiers en Espagne voilà plusieurs semaines. Il a d’ailleurs été interpellé par la police espagnole du côté de Barcelone lors du coup de filet le mardi 2 avril. Une installation loin de Toulouse pour le soleil de la Costa Brava, sans doute. Surtout pour éviter les balles plus ou moins perdues.
Policiers spécialisés comme magistrats savaient que le coup de filet dans le quartier de La Reynerie allait entraîner des répercussions, possiblement violentes. En matière de trafic de stupéfiants, le vide ne dure jamais. "Une évidence, sourit un spécialiste. Avec une autre réalité : les points de deals traditionnels rapportent moins aujourd’hui. Alors c’est toujours tentant d’essayer d’en récupérer des nouveaux."
Les ambitions marseillaises
Cette course aux profits se traduit souvent par des coups de feu. Aux Izards, au nord de Toulouse, plusieurs assassinats en 2019 et 2020, puis de nombreuses arrestations, ont cassé les points de deal. La Reynerie se trouve au cœur de la tempête aujourd’hui. Comme Bagatelle où des vendeurs ont été pris pour cible dans la soirée du mercredi 24 avril. Sept personnes ont été arrêtées la semaine dernière, mises en examen et placées en détention vendredi après avoir envoyé deux hommes à l’hôpital, les jambes truffées de plomb. Parmi les suspects, cinq Marseillais. De simples gâchettes ?
Il semblerait mais les enquêteurs spécialisés, toujours à l’écoute de radio Quartier, entendent beaucoup parler des ambitions des trafiquants de la cité phocéenne ces dernières semaines. Pas le meilleur moyen d’assurer le retour du calme à Toulouse.
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