Espagne : l’indépendantiste Carles Puigdemont fait campagne depuis les Pyrénées-Orientales
Ils ont traversé la frontière pour rencontrer leur leader : vers 18 h 30 jeudi soir devant l’espace Jean Carrère d’Argelès, des centaines d’indépendantistes descendent de plusieurs bus bleus, aux couleurs de Carles Puigdemont, candidat aux élections catalanes du 12 mai prochain.
"On a fait deux heures de route pour venir le voir !", explique enthousiaste Josep, un retraité venu de Vic. "On a déjà traversé la moitié de l’Europe pour le soutenir. On est allé à Bruxelles, à Strasbourg et maintenant on est à Argelès. Ici, on est comme à la maison : la Catalogne Nord a joué un rôle très important lors du référendum. Les urnes étaient cachées ici", poursuit l’homme qui brandit un portrait du leader catalan.
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La salle de spectacle accueille le QG de l’ancien président catalan qui donne un meeting tous les soirs depuis le 26 avril. En exil depuis plus de six ans, l’homme qui a défié Madrid en organisant un référendum illégal en 2017 n’est pas encore amnistié, mais il a quitté Bruxelles pour s’installer près de Céret, dans les Pyrénées-Orientales, à une heure de sa ville de Gérone. "C’est extraordinaire, je suis si bien reçu ici. En Catalogne Nord, je suis presque comme chez moi", confie le candidat, quelques minutes avant de monter sur scène. "Les gens sont très gentils avec moi. Et les militants qui viennent aux meetings sont très bien accueillis dans les restaurants, les bars et les hôtels. Certains d’ailleurs en profitent pour faire du tourisme."
On se croirait à Barcelone
Le meeting a beau avoir lieu en France, on se croirait à Barcelone. Le public vient exclusivement d’Espagne. Les équipes techniques, les ingénieurs du son et les deux food-trucks à la sortie de la salle de spectacle sont de Barcelone. Dans une salle surchauffée par l’ancien speaker officiel du Camp Nou, Puigdemont joue la carte de la nostalgie et revendique le référendum de 2017.
"Ils voulaient qu’on se résigne, ils voulaient nous faire peur et nous endormir. Mais, ce jour-là, on les a vaincus !" lance le leader catalan. L’homme évoque longuement le passé récent de la Catalogne mais ne propose rien de très concret pour arriver à l’indépendance. "Il a modéré son discours. L’indépendance passe presque au second plan", analyse un journaliste catalan présent dans la salle. "Et puis il a droitisé son discours et revendique même l’héritage de Jordi Pujol, président emblématique de la Catalogne dans les années 80 et 90."
Un véritable pèlerinage
Le voyage à Argelès prend des airs de pèlerinage : les plus fervents militants vouent un culte à Puigdemont. "Je suis tellement émue de le voir, de m’approcher de lui. J’ai encore du mal à y croire", témoigne Fernanda, retraitée, qui attend son tour pour se prendre en photo avec son héros, avant de reprendre le bus en direction de l’Espagne.
Malgré la ferveur d’Argelès tranche avec les enquêtes de sondages. Carles Puigdemont n’est pas le favori et devrait arriver en deuxième position derrière Salvador Illa, le candidat socialiste, très proche de Pedro Sanchez. "Il y a une partie très importante des indépendantistes qui se sent trahie. Ils n’ont pas proclamé l’indépendance, ils sont partis ou ils sont allés en prison", explique Albert Segura. "On n’est plus en 2017, 2 018 ou 2019, où on attendait le retour du Président avec des manifestations. Ce n’est plus le cas." Dimanche 12 mai, Carles Puigdemont joue gros : s’il perd les élections, il a annoncé qu’il quitterait la vie politique.
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