Abattu par les Allemands en avril 1944, l’électricien polonais avait refusé de dénoncer des Juifs de la Villa Yvonne à Figeac
Avec l’aide de l’historien figeacois Pascal Mallet, nous retraçons l’histoire de ce printemps 1944, où le temps s’est, par moments, dangereusement suspendu sur la ville de Figeac. Voici l’histoire de Piotr Prokuski.
Le 23 avril 1944, Piotr (Pierre), électricien né à Smarzowna (Pologne) le 18 mai 1899, est abattu au bas de l’avenue Joseph Loubet, à Figeac, en compagnie de deux amis.
En 1914-1918, il servait dans l’armée polonaise. Ayant reçu une balle dans la poitrine, il est fait prisonnier, mais il s’évade une fois guéri et rejoint son unité. Il arrive en France en 1926 et s’installe à Figeac en 1932, près d’Assier. Électricien, il travaille pour plusieurs entreprises figeacoises. Le 18 septembre 1939, il épouse Berthe Agelou, née à Capdenac-le-Haut et déjà deux fois veuve.
Sa naturalisation française refusée sous le gouvernement Pétain
En février 1940, il demande sa naturalisation que le futur État français de Pétain n’accorde pas. Il est à nouveau mobilisé dans l’armée polonaise, reconstituée en France après la défaite de la Pologne, envahie par l’Allemagne puis la Russie. Caporal-chef au 5e régiment d’infanterie polonaise, il est cantonné dans les environs de Parthenay (79). Après avoir, comme l’armée française, participé à la “drôle de guerre”, c’est-à-dire avoir attendu l’ennemi, les Polonais sont envoyés sur le front en mai 1940. Le 18 juin, son régiment est encerclé. Prisonnier, Piotr Prokuski est incarcéré au Frontstalag n° 142 à Besançon. Grâce à une démarche de la mairie de Figeac, s’appuyant sur une règle qui s’applique aux hommes habitant en zone libre depuis plus de 2 ans, il est libéré en novembre 1940.
Abattu pour ne pas avoir indiqué la Villa Yvonne aux Allemands
Revenu à Figeac, il s’établit à son compte. Le couple habite au 3 rue du 11 Novembre.
À partir de 1942, il participe de façon isolée à la distribution de journaux clandestins et apporte son aide aux résistants encore peu nombreux. Fin décembre 1943, il rejoint le MUR (Mouvement Unifié de la Résistance) créé par Henri Vayssettes, comme agent de liaison.
À lire aussi : Figeac. Ils ont vécu la rafle du 12 mai 1944
Ne pas avoir révélé l’emplacement de la “villa Yvonne” aux Allemands qui comptaient y arrêter ses occupants juifs lui coûtera la vie. Le 23 avril 1944, à l’âge de 45 ans, il décède sous le feu des balles aux côtés de deux autres compagnons qui n’ont pas indiqué la demeure, située à 30 mètres de là seulement.
Quant à son épouse, après avoir enterré en 1943 l’un de ses deux fils issus de son premier mariage, elle se retrouve veuve une troisième fois. Elle mourra en 1951.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?