Les agriculteurs en colère contre les chasseurs : la fin des indemnisations des dégâts des sangliers ne passe pas
La situation est tendue entre les agriculteurs et les chasseurs. Face aux ravages des sangliers, la fédération de chasse propose d’offrir le matériel nécessaire pour réparer les clôtures. En échange, les agriculteurs sont invités à signer une décharge pour ne pas être indemnisé. Une situation inacceptable pour la Fdsea.
Y aurait-il de l’eau dans le gaz entre les agriculteurs et la fédération de chasse ? Alors que les agriculteurs commencent à semer le maïs, Christophe Bonnet et Thierry Noireau élus de la chambre d’agriculture et membres de la Fdsea du Lot, expliquent recevoir depuis quelques jours, des coups de téléphone d’agriculteurs alertant sur les actes de certains chasseurs : "Les sangliers continuent à faire des dégâts. Mais on a découvert que la fédération de chasse propose aux agriculteurs du matériel pour réparer les clôtures, et en échange, ils signent une décharge pour ne pas être indemnisé". Une nouvelle règle imposée par la fédération de chasse qui ne satisfait pas la Fdsea : "On a appris la nouvelle quand les agriculteurs nous ont appelés, cela fait une semaine. Il n’y a eu aucune concertation". Normalement, les paysans sont indemnisés en fonction des dégâts causés par les gibiers sur leur terre. L’année dernière, la fédération a versé plus de 560 000 euros aux agriculteurs pour les dégâts, une somme qui monte à 800 000€ en y intégrant les services et les moyens mis en oeuvre par la fédération. Le montant distribué aux agriculteurs suit un barème national.
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"Il va falloir revoir la copie"
La Fdsea ne cache pas son mécontentement face à cette nouvelle directive : "Il va falloir revoir la copie, s’exclame Thierry Noireau, le secrétaire adjoint de la Fdsea, aujourd’hui, on clôture les champs de maïs, après ça sera les prairies, mais on ne pourra pas s’occuper de toutes les terres. Du maïs, il y en a partout, et même en clôturant, les sangliers continueront à rentrer". Les syndicalistes appellent les agriculteurs à ne pas signer cette décharge. "Le maïs, c’est de mai à octobre, si on a des dégâts, on ne sera pas indemnisé ? C’est inadmissible", s’agace Christophe Bonnet, secrétaire général de la Fdsea. "Les chasseurs doivent mettre la main à la poche et s’engager à payer les dégâts". Le syndicat et la fédération de chasse ont beau avoir échangé depuis, un terrain d’entente n’a pour l’instant pas été trouvé.
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La réponse de la fédération de chasse
"On a conscience de la situation, mais c’est compliqué pour tout le monde", se défend Michel Bouscary, président de la fédération de chasse du Lot. La situation financière n’est pas au beau fixe du côté de l’association : "On a un déficit budgétaire de 400 000 euros. Rien que pour fournir quelques hectares d’un vignoble, ça nous a coûté 20 000 euros. On sort l’argent de nos poches. On essaie de mettre tous les outils en place pour protéger les terres". Avec un permis de chasse à 100 euros, et 6 000 chasseurs recensés, l’équilibre dans la balance ne peut pas être respecté. La préfecture du Lot fait savoir que l‘État verse l’équivalent de 300 000 euros sur trois ans pour soutenir l’effort d’indemnisation des chasseurs du Lot.
Les agriculteurs ne remettent pas en cause le travail des chasseurs : "On a bien conscience que les chasseurs ont tué beaucoup de sangliers, ils ont fait un travail considérable", précise Christophe Bonnet. La barre des 10 000 sangliers prélevés cette saison va être dépassée. Un chiffre en constante hausse année après année.
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