ENTRETIEN. Stade Toulousain : "Dix ans, cela passe vite…" Ses débuts, ses amis Baille et Aldegheri, la Coupe d’Europe… Julien Marchand se livre
Julien Marchand, 29 ans dans une semaine, a joué son premier match en équipe une, il y a bientôt dix ans (octobre 2014). Il revient sur ces années-là pour La Dépêche du Midi.
Dix ans, c’est passé vite ?
Oui parce qu’on ne voit pas les années qui défilent. On a toujours la tête dans le guidon. Et dix ans, cela passe vite également parce qu’on se régale. Quand tu fais quelque chose que tu aimes, tu ne vois pas forcément les jours, les mois et les années passer. Même si parfois c’est dur, on ne garde que les bons moments.
Forcément, vous vous souvenez de la première ?
Oui bien sûr en 2014, face au Stade Français à Ernest-Wallon, avec Guy Novès qui était entraîneur. Il y avait un talonneur Corey Flinn qui avait pris un carton rouge à Bayonne le week-end d’avant, et Christopher Tolofua qui s’était fait mal aux côtes sur une mêlée. Et du coup, j’ai eu la chance d’être appelé en équipe première. J’avais une petite pression. C’était une belle expérience. Je m’en souviendrai longtemps.
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De cette année-là, il reste deux joueurs, Cyril Baille et Dorian Aldegheri. C’est en partie pour cela que vous êtes potes ?
On s’était connu les saisons d’avant puisqu’on avait joué en espoirs ensemble. Et après, on avait partagé les préparations d’été avec l’équipe première. Étant donné qu’on était les jeunes et qu’il y avait tous les anciens qui étaient des grands noms, on restait souvent entre nous. Mais on n’a jamais été mal accueilli. Ils ont toujours été cool avec nous mais il ne fallait pas trop faire le mariole ou mettre des pièces. Sinon, tu pouvais vite ramasser.
Avant ce match face au Stade Français, Toulouse restait sur cinq défaites consécutives. Ce n’était pas non plus le meilleur moment pour entrer en équipe première.
Sincèrement, s’il y avait eu dix défaites consécutives avant, je m’en fichais complètement. Je pense qu’il n’y a pas de mauvais ou de bons moments. Il faut surtout reconnaître la chance qu’on a d’être appelé sur une feuille de match. Déjà en Top 14, c’était pour moi une chose incroyable. Mais en plus au Stade Toulousain… J’étais juste content d’être là et j’avais envie de faire un gros match.
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Dimanche, le Stade va jouer une sixième demi-finale consécutive de Coupe d’Europe mais auparavant lors de vos premières années, il faut aussi rappeler que ce ne fut pas toujours des années roses…
Oui on a pas mal cravaché aussi. On a su construire un groupe. Il fallait le temps que tout prenne. On était encore jeunes, on apprenait énormément. Et on continue d’apprendre jusqu’à la fin de sa carrière. Après, lors de la saison 2014-2015, on joue une demi-finale à Bordeaux contre Clermont, l’année suivante, on perd en barrage au Racing. Et après, il y a une année où c’est plus compliqué puis un quart de finale perdu à domicile face à Castres. Puis 2 019 et le titre. C’est une construction mais c’est intéressant de connaître toutes ces étapes et cela nous a aidés par la suite. Et je garde de très bons souvenirs des débuts parce que c’était incroyable de vivre des trucs comme ça quand on est jeune.
Dimanche face aux Harlequins, vous allez jouer une sixième demi-finale consécutive. Et Antoine Dupont et Ugo Mola rappelaient que… (il nous coupe).
Ils ont raison. Si on arrive en demi et on perd, ce n’est pas qu’on s’en fiche… Mais ce serait bien de passer le cap des demies.
Car en cinq ans, le Stade n’a disputé qu’une finale. Et vous… (il nous coupe de nouveau)…
Je sais ce que vous allez dire. Je n’y étais pas… (NDLR : il a été suspendu après la demi-finale).
Cela reste – nous imaginons- un mauvais souvenir ?
Cela reste la vie tout simplement. Bien sûr que j’aurais aimé vivre cette finale mais si on m’avait dit qu’on aurait été champion d’Europe sans que je la vive, je signe. Même si c’est dur, je signe quand même. Mon frère l’a joué. Donc j’ai vécu des trucs à travers lui. Il y avait tous mes potes parce qu’on est aussi amis en dehors. J’étais juste heureux qu’on la gagne. C’est aussi mon erreur. J’avais commis une faute. On ne peut pas revenir en arrière.
Durant ces dix ans également, vous avez été capitaine très jeune. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
C’était en 2019. On me l’a proposé mais je n’étais pas pour à 100 %. Mais je n’allais pas dire non. Donc j’ai appris à endosser ce rôle. Au début, cela faisait bizarre parce qu’on ne se sent pas forcément légitime par rapport à certaines personnes car il y avait des mecs dans l’équipe qui traversaient le terrain ou des Jerome Kaino ou Jo Tekori. Donc, cela fait un peu bizarre. Et au bout de quelques phrases, cela se faisait naturellement. Et puis, cela m’a donné de la confiance.
Vous étiez un capitaine de caractère dans un groupe qui n’en manque pas ?
On a surtout la chance d’avoir un super groupe dans le vestiaire. Il y a plus de la moitié des mecs qui peuvent être capitaine. Ce sont des mecs avec un fort caractère. Mais ils savent rester à leurs places aussi. On a tous envie de gagner et donc de se filer les uns pour les autres.
On parle de caractère, vous souvenez-vous de ce fameux jour où vous avez joué torse nu plusieurs minutes face à Montpellier en 2016 ?
Cela, vous n’étiez pas obligé de le rappeler (sourire). Si j’avais su, avec du recul, j’aurais remis direct le maillot. Mais sur le moment, c’était une très longue dernière action. Il fallait qu’on gagne ce match face à Montpellier. On était dans leurs vingt-deux mètres après avoir remonté tout le terrain. On avait qu’une envie, c’est de gagner. Mais encore une fois, avec le recul, j’aurais remis le maillot…
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